L’œuvre aux multiples facettes de Caroline Achaintre se caractérise par l’utilisation d’une variété de matériaux et de techniques de travail, dont certains sont combinés de manière conceptuelle. Outre les œuvres sur papier et les céramiques émaillées, elle produit principalement des tapisseries, qui se distinguent par leur présence sensuelle. Pour ses grandes tapisseries telles que Mercure ou Alberich, Caroline Achaintre utilise la technique du tufting. Dans ce procédé, des fils de laine séparés sont tirés à travers la toile par l’arrière à l’aide d’un pistolet à pression, de sorte que le sujet apparaît sur la face avant. Le processus de création est aussi mystérieux que l’œuvre d’art qui en résulte, qui est haptiquement fascinante et évoque des associations avec des peaux d’animaux duveteuses. Les petites céramiques de l’artiste, telles que Dorrn, suggèrent des formations cellulaires ou des peaux de serpent. Les aquarelles intimes, quant à elles, rappellent les images de puzzle ou la technique psychologique profonde du test de Rorschach. Des masques mystérieux, des figures mythiques étranges, des têtes capricieuses ou des créatures hybrides apparaissent dans son travail.
Ainsi, l’intérêt philosophique, psychologique, motivationnel et thématique de Caroline Achaintre pour le type de Double dans son ambiguïté se reflète également dans le titre de cette exposition. Pour son travail, l’artiste s’inspire à la fois de la haute culture et de la culture populaire, de l’expressionnisme allemand et de l’art populaire, mais aussi du carnaval ou de l’animisme d’Europe centrale, ainsi que de l’horreur, du heavy metal et de la science-fiction.
Après sa première exposition solo dans un musée allemand, au Kunstmuseum Ravensburg, le musée Lothar Fischer rend hommage à cette artiste de renommée internationale en lui présentant plus de trente œuvres dans le cadre d’une exposition rétrospective.