L’exposition de groupe Déliquescence met en dialogue des œuvres d’artistes québécois et internationaux rassemblées autour du thème de l’entropie. Un des principes fondamentaux de la physique – la 2ème loi sur la thermodynamique – postule que l’entropie représente l’inévitable dégradation de chaque chose. Le sujet est donc réfléchi dans cette exposition par le biais de sa définition en tant qu’énergie qui mesure la détérioration, quantifie l’intensité de la transformation d’un état ordonné à un autre incontrôlé, établi quantitativement le degré de désordre d’un système, sa capacité de changer d’état ou encore sa quantité d’instabilité. Que ce soit l’effondrement de ruines, la transformation organique de matières périssables ou de processus chimiques qui altèrent un objet jusqu’à le rendre dysfonctionnel, l’entropie représente cette tendance de l’ensemble de la matière et de l’énergie de l’univers à évoluer vers un état de désordre avant l’atteinte d’une neutralité, d’une uniformité inerte ou d’une transformation radicale vers une autre condition.
Livrée à leur propre dérèglement, issue d’une mutation chimique ou biologique, d’un principe de fusion ou d’une fonte, chacune des propositions artistiques se soumet à une évolution vers la décomposition, à l’abandon de sa forme définie et à l’acceptation de sa dissolution.
Cette exposition m’a été inspirée par mes intérêts perpétuels pour les friches industrielles qui elles même subissent une forme d’entropie. Ma fascination pour leur statut de ruines qui se dégradent lentement avec le temps et le fait de vouloir inverser cette tendance par leur réhabilitation participe à une négociation permanente avec cette forme d’obsolescence. Déliquescence est également l’occasion de revisiter un thème profondément marquant pour le milieu artistique des années 1970 qui l’a utilisé comme un outil conceptuel et esthétique, et ce particulièrement en Amérique du Nord.