Ask the Animals, and They Will Teach You, 2021. Polyester et technique mixte / Polyester and mixed media,, éd. 2/3, Hangar Y, Meudon/FR, 2024

« ADORER LE CAMÉLÉON

Le caméléon est une espèce ancienne de reptile qui vit sur Terre depuis environ 100 millions d’années.

De nombreux caméléons ont la capacité de changer de couleur pour exprimer leur état d’esprit ou pour communiquer.

Les caméléons ont un champ de vision de 360 degrés et grâce à leur langue balistique, ils peuvent attraper les proies les plus lourdes avec une vitesse de 0 à 95 kilomètres en 1/100e de seconde. »

—Jeremy Deller.

Ask the Animals, and They Will Teach You illustre une réflexion sur la culture populaire et la culture scientifique avec l’approche ludique et didactique propre au travail de Jeremy Deller. L’artiste conçoit cette œuvre comme une structure de jeu où les enfants sont invités à se laisser glisser sur la langue-toboggan du caméléon. Les enjeux écologiques sous-tendent discrètement ce monument qui nous invite à penser la mémoire collective des espèces en danger sur le modèle des héros historiques. Aux abords du Hangar Y, l’animal démesuré retrouve sa place au cœur de la forêt, mais cette fois-ci, en tant qu’œuvre d’art participative.

Une première version de Ask The Animals and They Will Teach You a également été installée sur la place Van Bunnenplein, à Knokke-Heist en Belgique, dans le cadre de la Triennale d’art contemporain Beaufort 21.

Jeremy Deller, Ask The Animals and they will Teach You, Technique mixte, 2021

Ask The Animals and They Will Teach You a été installée à Knokke-Heist, sur le littoral belge, à l’occasion de la Triennale d’art contemporain Beaufort 21.

Cette œuvre, à la fois sculpture et toboggan, invite les enfants à glisser sur la langue d’un imposant caméléon. Placé au centre de la place Van Bunnenplein, l’animal se tient sur un socle gravé sur lequel on peut lire une description de l’espèce. Fidèle à son sens du détournement, Jeremy Deller utilise les codes du monument pour en faire un objet ludique. Au lieu de rendre hommage à un personnage historique, il met en lumière l’une des plus anciennes créatures de la planète, menacée par le réchauffement climatique.

« Les caméléons ont quelque chose de magique, ils peuvent faire des choses dont nous ne pouvons que rêver et sont les plus belles créatures sur Terre. Nous devons leur vouer une véritable adoration » — Jeremy Deller. 

Plus d’informations

Jeremy Deller, The lovers, 2021, polyuréthane, fibre de verre, acier, polyester, peinture, balançoire. H 300cm.

En 2021, la deuxième triennale d’art contemporain de Courtrai invite les artistes à interpréter le concept de paradis.

Au cœur du parc Messeyne, jardin romantique conçu au XIXème siècle, Jeremy Deller revisite une des plus célèbres scènes de la Bible, devenu un archétype de l’imaginaire collectif occidental. Il s’appuie en particulier sur l’Adam et Eve peint en 1526 par Lucas Cranach, actuellement conservée à la Courtauld Gallery de Londres.

L’imposant couple de personnages blancs de trois mètres de haut sert de structure à une balançoire mise à disposition du public. En proposant une version contemporaine, drôle et fonctionnelle de ce mythe de la création, l’artiste détourne à la fois le contenu de l’iconographie religieuse et la solennité qu’ont habituellement les monuments dans l’espace public.

Plus d’informations

Jeremy Deller, Father and Son, 6 novembre 2021, installation sculpturale consumable, cire, bois, mèche et flamme, grandeur nature, commande de l’ACCA, Saint Saviour’s Church of Exiles, Collingwood, Melbourne/AU. 

Father and Son est une installation de Jeremy Deller commandée par l’Australian Centre for Contemporary Art (ACCA). Le 6 novembre 2021, une veille publique mettait en scène la consumation de l’œuvre en cire pendant 12 heures. L’événement était filmé et diffusé en temps réel sur le site de l’ACCA. Une version miniature de la sculpture-bougie y était également en vente.

Father and Son illustre parfaitement la dimension sociale de l’approche artistique de Jeremy Deller. L’œuvre est présentée comme une représentation archétypale de la figure paternelle accompagnée de sa progéniture masculine. Pourtant, les deux hommes ressemblent étrangement à Rupert et Lachlan Murdoch, à la tête d’une longue lignée de magnats des médias australiens. L’artiste aborde la question de l’héritage, de la filiation, et invite à réfléchir les dynamiques de pouvoir sous le prisme générationnel et institutionnel.

La Bible s’impose comme la référence principale de l’artiste britannique qui mentionne spécifiquement le verset 5 :19 de l’Evangile selon saint Jean : « Ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement ». Le choix du lieu de l’événement – une église désacralisée de Melbourne – souligne le caractère subversif de la pensée de Jeremy Deller, pour qui musées et églises sont des espaces singuliers et interchangeables où les limites entre sacré et profane sont brouillées. Un décor qui renvoie inévitablement aux dynamiques patriarcales qui s’exercent non seulement dans le Christianisme, mais également dans les autres sphères de notre société : politique, médias, travail… 

Le traitement plastique de Father and Son laisse apparaître l’influence des sculptures baroques espagnoles. Un héritage qu’il adapte à des codes anciens et contemporains, du portrait de famille au portrait d’entreprise, souvent pensé comme support de légitimation dans le contexte de dynastie d’entrepreneurs. Cette œuvre qui brûle et s’auto-détruit peut alors être considérée comme une sorte de vanité ou de memento mori politiquement engagé. 

Sacrilege, 2012, sculpture gonflable en plastique 30m de diamètre (composée de 6 éléments), 12 ventilateurs, 1 générateur, édition unique. Présenté lors de la FIAC 2012, Paris/FR.

Jeremy Deller propose avec Sacrilege, une reproduction du fameux site mégalithique de Stonehenge, au Royaume-Uni. Il adopte une perspective subversive, interrogeant la sacralité et l’accessibilité des emblèmes identitaires, politiques et religieux. Avec cette version gonflable et ludique qui rompt avec la rigidité de la pierre, il confronte l’Histoire et l’idée de patrimoine en sacrifiant symboliquement le monument. Un sacrifice qui permet d’exalter un potentiel créatif de masse, s’intéressant à une expérience artistique collective.

La sculpture est une œuvre participative, accessible à tous, qui offre une nouvelle vie au site inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Un Stonehenge qui revient à sa fonction première, offrant un cadre pour partager et faire communauté. Jeremy Deller rappelle ainsi l’importance de se réapproprier les espaces pour les investir de sens et d’usages nouveaux.

Sacrilege a notamment été présentée sur la pelouse des Invalides, à Paris, lors de la FIAC 2012. La même année, l’installation donne naissance à une série photographique indépendante, intitulée « English magic ».

Série English magic, 2012, photographies, tirages lambda contrecollés sur dibond, polyptyque de 8, 40×50 chacune.

Ces quelques photographies immortalisent les pirouettes de jeunes gymnastes au cœur du temple mégalithique gonflable. Par le jeu, il s’agit de réunir deux cultures séparées de plusieurs siècles.