Pour le film After L’Argent, l’artiste a re-filmé un plan du dernier film de Robert Bresson avec le même modèle (c’est ainsi que le cinéaste définissait ses acteurs) et dans le même lieu. Trente ans séparent le film d’origine de cette reprise qui s’entrevoit, là encore, comme une résurgence, un écho aux interrogations que soulève le cinéma bressonien, tant par la radicalité de sa forme que par le regard amer qu’il pose sur ses contemporains.
« Il faut qu’une image se transforme au contact d’autres images comme une couleur au contact d’autres couleurs », écrivait le cinéaste dans une note célèbre.
Hommage au cinéaste, il est aussi un travail sur le cinéma, medium du mensonge selon l’artiste puisqu’il suspend artificiellement le temps. Le choix de ce film radical et critique, basé sur une nouvelle de Tolstoï dénonçant une société animée par l’appât du gain, n’est certainement pas neutre. En arrière-plan, un panneau lumineux renvoie à la société de consommation actuelle, saturée de messages publicitaires, au détriment des signes d’une expression individuelle, politique et engagée.