Yoga 1 et 2 se présente comme un couple de petites sculptures réalisant une posture de yoga (asana) ouvrant la cage thoracique vers le ciel. À la rencontre improbable du yoga et des arts précolombiens, viennent s’ajouter diverses possibilités de mise en scène offertes par les petits shorts colorés (« yoga pants » amovibles). Ces « statuettes » sont caractéristiques du goût pour l’inexactitude de Grossmann qui lui permet de passer outre les catégories.
« Si ces dernières sont essentielles au langage et à la communication, je ne cesse de chercher à les dissoudre dans mon travail. Le paradoxe est que j’ai besoin de me référer malgré tout à des archétypes pour les perturber. Je conçois l’œuvre comme une mise en tension. Je ne me documente jamais et ne fais pas d’esquisses préparatoires. Tout se joue au moment de la réalisation avec les accidents et les errances que cela induit… »
« Ce que j’ai vu, compris ou incompris, retenu et oublié est en jeu lorsque je crée. En expérimentant sur ces mécanismes de la mémoire et de l’intuition, je découvre de nouvelles formes ou en retrouve d’autres. » – Corentin Grossmann
Ces statuettes abordent non sans humour la question de la nudité et de la représentation des organes génitaux dans la statuaire. Ici clairement détaillés, le pénis et la vulve contrastent avec l’approximation anatomique des corps. La possibilité de cacher les sexes au moyen de petits yoga pants, renforce le paradoxe et introduit la question cruciale de la pudeur, comme une ultime hésitation entre l’ouverture et l’abandon que la posture yogique évoque et le rappel de normes sociétales souvent contraignantes.