“Les formes de bas-relief et de haut-relief ne sont pas nouvelles dans la production de Giuseppe Gabellone, si l’on pense à la série japonaise (exposée à la 50e exposition internationale de Venise en 2003) et à la série La Giungla créée l’année suivante, toutes deux caractérisées par une saturation presque totale de la surface, par un épaississement des signes, des volumes et des figures qui brouillent continuellement les frontières entre l’image et l’objet, entre la bidimensionnalité et la tridimensionnalité, entre la fixité et la narration. […]

Cette forme d’oscillation entre la peinture et la sculpture est ce qui définit les utilisations qui ont été faites des bas-reliefs à différentes périodes historiques, des anciennes civilisations mésopotamiennes au Moyen Âge et à la Renaissance européenne. […]
Le bas-relief est, précisément, le lieu où les dimensions visuelles glissent et se confondent : abstraction, figuration, décoration, narration, peinture, sculpture, architecture, échelle et perspective”. *

À travers ses recherches sur les éléments sculpturaux de l’architecture, de la photographie et de la mémoire, Giuseppe Gabellone interroge la façon dont l’esprit traite les souvenirs. Devant ses œuvres, on se demande comment elles ont été générées, d’où elles viennent. Le rapport à l’interprétation est en fait complexe en raison de la difficulté d’établir un rapport précis avec le temps présent. Les références à la sculpture baroque, aux bas-reliefs anciens et à la sculpture moderne ajoutent une distance supplémentaire entre l’objet et le spectateur.

Falsa Finestra, 2019 Résine polyester, fibre de verre, cadre en aluminium / Polyester resin, fiberglass, aluminum frame, 137,5 x 103,5 cm (54 1/8 x 40 3/4 in.) Collection CNAP, Centre national des arts plastiques, Paris/FR

Le titre Falsa Finestra, déjà utilisé pour une de ses précédentes œuvres en résine transparente, fait référence au statut de l’objet plutôt qu’à l’illusion picturale, à la relation interne-externe que la fenêtre implique tout en soulignant son caractère artificiel. Par rapport à la première Falsa Finestra, l’artefact se prête moins à la vraisemblance et contrairement aux bas- reliefs précédents, la figuration disparaît dans les abîmes de la couleur. En fait, la couleur réapparaît, comme dans La Giungla (2004), sous la forme d’une brume de points colorés qui adoucit les formes, rendant ces œuvres plus semblables à une image.

Dans la deuxième oeuvre de Gabellone, on retrouve les mêmes éléments mais cette fois-ci le titre FF, contraction de Falsa Finestra, indique la tension vers laquelle tendent ces nouvelles oeuvres.

* Extrait du texte de Alessandro Rabottini in Giuseppe Gabellone, cat. GAMeC, Galleria d’Arte Moderna e Contemporanea, Bergamo, 2013. p124